Netami envie toujours les autres, au point de ne souhaiter qu'une seule chose : que ceux qu'il envie sombrent dans le plus grand malheur. L'arrivée d'un nouvel élève, Rei Kamiya, dans sa classe, ne va faire que renforcer ce sentiment…
La collection Hurlements continue de s’agrandir avec l’arrivée de toshiko et le titre « Nétami l’envieux », un recueil qui comprendra 7 nouvelles réunies pour la première fois pour l’édition de BlackBox.
Nétami le repoussant par nautiljon
En septembre 2022, les éditions Black Box avaient le plaisir d'accueillir une nouvelle collection dans leur catalogue : « Hurlements », dédiée aux récits d'horreur. À l'époque, c'était un auteur encore inconnu en France qui avait inauguré ce label, Noroi Michiru, avec un recueil d'histoires courtes intitulé Les Contes noirs, que l'on avait découvert avec beaucoup de satisfaction. On a, depuis, suivi de près cette collection, et l'un des derniers titres en date n'est autre que Nétami l'envieux, sorte d'ersatz du petit Soïchi de Junji Ito, ici présenté par une toute jeune mangaka, toshiko.
Nétami est un drôle de gamin à l'allure sordide. Grands yeux ronds sombres et cernés, oreilles pointues, bouche laissant découvrir des crocs acérés... Autant dire qu'il n'a rien de franchement banal. Cette apparence repoussante lui cause bien des ennuis : à l'école, aucun camarade ne veut jouer avec lui ; pire encore, ceux avec qui il aimerait se lier d'amitié le raillent à voix basse. Bref, l'école, ça a des airs d'enfer pour le jeune collégien. Mais ça ne semble pas pour autant le troubler, car ce qui intéresse Nétami, c'est jouer des tours aux personnes qui font monter en lui un sentiment de jalousie !
Quand un nouvel élève intègre sa classe, c'est le pompon : Rei Kamiya est beau, intelligent, doué dans toutes les matières, et avec ça, il fait craquer toutes les filles de l'école... C'en est trop pour Nétami, qui décide de faire de lui sa proie privilégiée.
Les éditions Black Box sont allées trouver ce drôle de petit one-shot qui mêle horreur et humour noir sur le site Manga Hack, sur lequel des auteurs, même indépendants, peuvent poster de façon numérique leurs planches. toshiko, jusqu'ici une parfaite inconnue, a donc reçu l'honneur de voir son tout premier manga publié assez rapidement en français, là où d'autres créateurs attendent des années avant de traverser les frontières de l'Hexagone ! Et quel amusant petit personnage que ce « Nétami-kun », collégien littéralement étouffé par ses envies et ses désirs, qui n'a d'autre moyen pour s'exprimer que la violence.
Malgré le sujet (un gamin qui torture un nouveau venu, tout de même), le lecteur ne peut que s'amuser de ces petites mésaventures, car dès qu'il tente d'abattre sa vengeance sur une cible, Nétami est inévitablement rattrapé par le karma, plus que jamais impitoyable. À chaque fois qu'il croit faire souffrir sa proie, son piège se referme sur lui, et il se retrouve bien vite empêtré dans de très mauvaises situations (aspiré dans un film d'horreur sans fin, haché menu par une amoureuse éplorée, aux prises avec une petite amie folle furieuse aux intentions encore plus malfaisantes que les siennes...). Difficile de ne pas songer à Soïchi, personnage créé au début des années 1990 par Junji Ito qui, lui aussi, passe son temps à faire de vilaines farces à ses camarades et qui, tout comme Nétami, finit à chaque fois dans de mauvaises postures.
Ce petit one-shot comprend quatre histoires mettant en scène Nétami, et trois autres dans lesquelles toshiko introduit cette fois-ci une héroïne, elle aussi maudite par une apparence hideuse, Yumiko, une écolière fana de poupées. Si les récits proposés dans ce recueil ne sont pas tous excellents – premier manga oblige –, il faut bien reconnaître à son auteure quelques belles qualités qui pointent déjà le bout du nez. Avant de se lancer, la mangaka semble s'être nourrie du travail de quelques uns des meilleurs auteurs d'horreur, à commencer par Ito, bien entendu, mais également Hideshi Hino (pour ses représentations d'abominations surtout) ou encore Senno Knife. Convoquant ainsi de beaux noms du manga d'épouvante, toshiko s'en sort très bien, en proposant de petites nouvelles qui parviennent à mixer les genres sans jamais trop s'emmêler les pinceaux.
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